Il descend à près de 250 km/h sur des skis. Partez à la rentre de Bastien Montès, champion du monde de ski de vitesse.
J'ai grandi avec des skis aux pieds |
1. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis skieur de vitesse, originaire des Pyrénées, actuel champion du Monde de la discipline et vainqueur de la Coupe du Monde 2017 (donc du globe de cristal !). J'ai établi la meilleure performance de la saison avec 251,397 km/h en remportant le Speed Masters de Vars (France).
2. Vous êtes issu d’une famille de sportifs, c'était normal pour vous de pratiquer un sport de haut-niveau ?
J'ai eu la chance de grandir au sein d'une famille de sportifs qui m'a éveillé à une multitude de disciplines, qui m'a permis de m'adapter à toutes les situations et ainsi tirer mon épingle du jeu au plus haut niveau mondial. Mon père était professeur d'EPS et moniteur de ski, ma mère éducatrice sportive et a pratiqué la natation à haut niveau. J'ai commencé par la gymnastique à l'âge de 3 ans que j'ai arrêtée vers 14 ans, mes parents craignant un sur-entraînement. Ai pratiqué aussi le ski et le surf des mers depuis l'âge de 3 ans également, le rugby, la natation et j'ai même fait à une période de la danse classique.
3. Et pourquoi avoir choisi le ski ?
J'ai grandi avec des skis aux pieds, mon père étant moniteur. Ensuite, j'ai pu m'essayer à un ensemble de disciplines différentes : le ski alpin, le ski freestyle, puis le ski de vitesse avec le « Challenge Quiksilver » référence pour les enfants de 6 à 16 ans dans la discipline et ….j'étais né pour ça !
4. Vous pratiquez une discipline du ski qui est peu connue du grand public, le ski de vitesse. Pourquoi avoir choisi cette discipline ?
Mon père a entraîné l'équipe de France aux Jeux Olympiques d'Albertville. J'ai côtoyé les meilleurs athlètes français devenus mes idoles, et le virus était pris. Une fois que l'on s'est essayé à la discipline, difficile de retrouver de telles sensations, une montée d'adrénaline aussi intense, on en devient accro. J'ai pourtant essayé de nombreuses disciplines mais aucune d'entre elles ne procurent autant de sensations que le ski de vitesse. Tu passes de 0 à 200 km/h en moins de 6 secondes, c'est tout simplement le sport non motorisé le plus rapide sur Terre.
Je suis skieur de vitesse, originaire des Pyrénées, actuel champion du Monde de la discipline et vainqueur de la Coupe du Monde 2017 (donc du globe de cristal !). J'ai établi la meilleure performance de la saison avec 251,397 km/h en remportant le Speed Masters de Vars (France).
2. Vous êtes issu d’une famille de sportifs, c'était normal pour vous de pratiquer un sport de haut-niveau ?
J'ai eu la chance de grandir au sein d'une famille de sportifs qui m'a éveillé à une multitude de disciplines, qui m'a permis de m'adapter à toutes les situations et ainsi tirer mon épingle du jeu au plus haut niveau mondial. Mon père était professeur d'EPS et moniteur de ski, ma mère éducatrice sportive et a pratiqué la natation à haut niveau. J'ai commencé par la gymnastique à l'âge de 3 ans que j'ai arrêtée vers 14 ans, mes parents craignant un sur-entraînement. Ai pratiqué aussi le ski et le surf des mers depuis l'âge de 3 ans également, le rugby, la natation et j'ai même fait à une période de la danse classique.
3. Et pourquoi avoir choisi le ski ?
J'ai grandi avec des skis aux pieds, mon père étant moniteur. Ensuite, j'ai pu m'essayer à un ensemble de disciplines différentes : le ski alpin, le ski freestyle, puis le ski de vitesse avec le « Challenge Quiksilver » référence pour les enfants de 6 à 16 ans dans la discipline et ….j'étais né pour ça !
4. Vous pratiquez une discipline du ski qui est peu connue du grand public, le ski de vitesse. Pourquoi avoir choisi cette discipline ?
Mon père a entraîné l'équipe de France aux Jeux Olympiques d'Albertville. J'ai côtoyé les meilleurs athlètes français devenus mes idoles, et le virus était pris. Une fois que l'on s'est essayé à la discipline, difficile de retrouver de telles sensations, une montée d'adrénaline aussi intense, on en devient accro. J'ai pourtant essayé de nombreuses disciplines mais aucune d'entre elles ne procurent autant de sensations que le ski de vitesse. Tu passes de 0 à 200 km/h en moins de 6 secondes, c'est tout simplement le sport non motorisé le plus rapide sur Terre.
Ce que je ressens ? Je ne sais pas trop. |
5. Votre premier record était à l'âge de 6 ans, 48 km/h, aujourd'hui vous dépassez les 250 km/h, comment regardez -vous l'évolution de vos performances au fil du temps?
J'ai eu la chance de pouvoir évoluer en même temps que ce sport ; mais surtout de pouvoir pratiquer d'autres disciplines en parallèle, me forgeant un profil complet et solide pour atteindre le plus haut niveau. Quand tu es petit, tu es juste là pour t'éclater, ensuite l'entraînement devient plus sérieux, les premières coupes du monde, les grosses difficultés à surmonter pour exister parmi l'élite senior, et à force de travail, persévérance : la consécration.
6. Lorsque que l'on descend avec ces vitesses extrêmes, que ressent-on ?
Quand tu es au sommet de la piste tu dois pouvoir rester concentré, dans ta bulle, car derrière un run à plus de 250 km/h peut se jouer. 98% de pente au sommet, moins de 6 secondes pour atteindre les 200 km/h (accélération supérieure à la F1), évidemment ça fait réfléchir... Tu as forcement de l'appréhension, mais on est là pour repousser les limites, pour ce shoot d'adrénaline. Cette appréhension te permet de garder les pieds sur terre, mais en aucun cas elle ne doit se transformer en peur. Tu ne peux pas partir à reculons sur de telles pistes, l'engagement doit être total pour préserver ton intégrité. Si tu as peur, il vaut mieux refuser le départ, et cela arrive, même pour les meilleurs.
J'ai eu la chance de pouvoir évoluer en même temps que ce sport ; mais surtout de pouvoir pratiquer d'autres disciplines en parallèle, me forgeant un profil complet et solide pour atteindre le plus haut niveau. Quand tu es petit, tu es juste là pour t'éclater, ensuite l'entraînement devient plus sérieux, les premières coupes du monde, les grosses difficultés à surmonter pour exister parmi l'élite senior, et à force de travail, persévérance : la consécration.
6. Lorsque que l'on descend avec ces vitesses extrêmes, que ressent-on ?
Quand tu es au sommet de la piste tu dois pouvoir rester concentré, dans ta bulle, car derrière un run à plus de 250 km/h peut se jouer. 98% de pente au sommet, moins de 6 secondes pour atteindre les 200 km/h (accélération supérieure à la F1), évidemment ça fait réfléchir... Tu as forcement de l'appréhension, mais on est là pour repousser les limites, pour ce shoot d'adrénaline. Cette appréhension te permet de garder les pieds sur terre, mais en aucun cas elle ne doit se transformer en peur. Tu ne peux pas partir à reculons sur de telles pistes, l'engagement doit être total pour préserver ton intégrité. Si tu as peur, il vaut mieux refuser le départ, et cela arrive, même pour les meilleurs.
Une fois lancé, c'est le grand saut dans le vide. Tu pars vers l'inconnu, tu vas peut être atteindre une vitesse jamais réalisée, et tu seras le seul à en connaître les sensations, les effets. Tu dois être maître de ton sujet, c'est à toi de dompter la piste et le vent. Tout va ensuite très vite, tu es propulsé contre un mur d'air qui dans quelques secondes va chercher à te faire décoller du sol, te soulever la tête et t'allonger sur tes skis. La neige se dérobe sous tes planches de 2m 40 qui vibrent, tapent dans tous les sens, flottent au dessus de la piste, qui cherchent à filer dans les couloirs qui t'entourent, et qu' il faut toujours piloter et tenir dans l'axe. Imaginez le corps qu'il faut tenir gainé, profilé comme une carrosserie pour fendre l'air et ne pas perdre quelques précieux centièmes de km/h.
Et puis le champ de vision qui se rétrécit, le souffle qui se coupe avec la pression et la vitesse, qui essaye de se frayer un chemin pour alimenter le moteur en oxygène.
Tu as ce dénivelé monstrueux à abattre en à peine une dizaine de secondes, le timing déjà, 100 long mètres la tête au ras de la piste... Et enfin l'ouverture, ou plutôt l'atterrissage.
Ce que je ressens, je ne sais pas trop. Mais comment je me sens, plus vivant que jamais! Quand je suis sur les skis à plus de 200 km/h, je suis dans un autre monde, c'est mon élément. J'ai parfois l'impression qu'il faut que je sois à plus de 200 pour respirer.
Il ne me reste plus que le record du monde |
7. Il faut des structures particulières pour pratiquer votre sport, pensez-vous que la France et suffisamment équipée ?
Nous avons tout simplement les 2 pistes les plus rapides du monde, et la plus impressionnante au monde est celle de Vars (05). De plus, elle est ouverte aux entraînements toute l'année, à tous les niveaux, pendant les vacances de février, jusqu'à 500 passages peuvent être réalisés chaque jour, difficile de faire mieux. En revanche, on manque de diversité. En effet, des pistes « plus petites » suffisent éparpillées sur les différents massifs pour permettre à tous de s'essayer à la discipline, de découvrir de nouvelles sensations. La demande ne cesse de croître et on a heureusement le X speed Ski Tour qui se déplace sur près de 50 stations par hiver pour permettre à tous de découvrir le ski de vitesse. Le succès est au rendez-vous. Certaines stations commencent à proposer des pistes permanentes avec un chrono « automatique » permettant de connaître sa vitesse instantanée, il faudrait démocratiser cette utilisation et pourquoi pas proposer plus d'animations. |
9. Quels coûts sont engendrés par le ski de vitesse ?
Une saison complète de Coupe du Monde demande un budget de 15 000 € environ, car tous les déplacements et hébergements sont à notre charge. Budget auquel il faut ajouter la partie développement, recherche, entraînements. Difficile de boucler un budget, heureusement que certains partenaires nous suivent depuis de nombreuses années maintenant.
10. Vos objectifs cette saison ?
L'an passé, j'ai remporté le championnat du monde et le Globe de Cristal de la discipline. Il ne me reste plus qu'à aller chercher le Record du Monde fin Mars à Vars … Je vais essayer de monter en puissance tout au long de la saison pour arriver à 200 % aux Speed Masters et allez chercher la marque la plus rapide de l'histoire …
L'adaptation est longue et les résultats peinent à arriver |
11. En 2003 vous franchissez les 200 km/h, une barre symbolique, que gardez-vous de cette descente ?
À l'époque, j'appartenais à une génération de jeunes skieurs de vitesse issus du Challenge Quiksilver (6-16ans) tout juste débarqués dans les courses senior. L'émulation au sein du groupe était grande et la barre mythique des 200 km/h un vrai objectif commun. Cette année-là, quel bonheur d'aller chercher une telle performance, qui plus est en même temps que certains du groupe, la réalisation d'un rêve commun. Cette performance était à l'époque le Record du Monde Junior en matériel de série (catégorie S2 actuelle, on n'utilise que du matériel de descente classique, skis de 2 m 23, combinaison classique, et casque FIS). Maintenant c'est mon petit frère Jimmy qui détient toujours ce record avec 204 km/h.
12. En 2007, vous vouliez arrêter votre carrière, pourquoi ? Qu’est-ce qui vous a poussé à continuer ?
La transition entre les compétitions junior, où l'on utilise du matériel de série (S2), beaucoup plus facile à appréhender, et le passage en senior avec tout le matériel de performance (casque profilé, skis de 2m40, combinaisons plastifiées, ailerons) est assez difficile. Il faut s'adapter à un nouveau matériel, des vitesses plus importantes, et souvent l'adaptation est longue et les résultats peinent à arriver. En 2007, j'étais en pleine évolution, je ne rentrais plus vraiment dans le Top 20 en Coupe du Monde, le moral n'était pas au beau fixe, jusqu'au jour où tout s'est éclairci. Je termine la saison avec mon premier podium aux Championnats du Monde senior au terme d'une semaine magique à Verbier (Suisse), ma deuxième carrière venait d'être lancée !
À l'époque, j'appartenais à une génération de jeunes skieurs de vitesse issus du Challenge Quiksilver (6-16ans) tout juste débarqués dans les courses senior. L'émulation au sein du groupe était grande et la barre mythique des 200 km/h un vrai objectif commun. Cette année-là, quel bonheur d'aller chercher une telle performance, qui plus est en même temps que certains du groupe, la réalisation d'un rêve commun. Cette performance était à l'époque le Record du Monde Junior en matériel de série (catégorie S2 actuelle, on n'utilise que du matériel de descente classique, skis de 2 m 23, combinaison classique, et casque FIS). Maintenant c'est mon petit frère Jimmy qui détient toujours ce record avec 204 km/h.
12. En 2007, vous vouliez arrêter votre carrière, pourquoi ? Qu’est-ce qui vous a poussé à continuer ?
La transition entre les compétitions junior, où l'on utilise du matériel de série (S2), beaucoup plus facile à appréhender, et le passage en senior avec tout le matériel de performance (casque profilé, skis de 2m40, combinaisons plastifiées, ailerons) est assez difficile. Il faut s'adapter à un nouveau matériel, des vitesses plus importantes, et souvent l'adaptation est longue et les résultats peinent à arriver. En 2007, j'étais en pleine évolution, je ne rentrais plus vraiment dans le Top 20 en Coupe du Monde, le moral n'était pas au beau fixe, jusqu'au jour où tout s'est éclairci. Je termine la saison avec mon premier podium aux Championnats du Monde senior au terme d'une semaine magique à Verbier (Suisse), ma deuxième carrière venait d'être lancée !
Il a cru en mon potentiel, souvent plus que moi |
13. Qu’est-ce qui est important pour pratiquer votre sport ?
Le ski de vitesse est un sport extrême de haute précision. Il y a de nombreux paramètres à appréhender et tu dois toujours être à 200 % physiquement et mentalement avant de te jeter dans ces pentes. Physiquement, on doit être hors normes, les jambes doivent servir d'amortisseurs à plus de 200 km/h et le haut du corps résister à ces vents et cette accélération : tu atteins les 200 km/h en moins de 6 secondes, plus rapidement qu'une formule 1. Ensuite, lors des tentatives de records, l'idée est de repousser les limites du corps et de l'esprit, personne ne sait ce qu'il se passe au-dessus d'une certaine vitesse, tu dois donc être prêt mentalement à tout, on a même tendance à dire que 80 % de la performance se fait dans la tête …
14. Vous souhaitez rajouter quelque chose ?
C'est par mon père et mon oncle que j'ai pu découvrir cette discipline extraordinaire, et en atteindre les sommets. Malheureusement, mon père est décédé il y a maintenant 3 ans et n'a pas pu assister à mes côtés à ma consécration, lui qui m'a vu y grandir, qui a toujours cru en mon potentiel, souvent même plus que moi. Cette saison 2017 lui était donc entièrement dédiée et j'espère qu'il a pu se régaler en me suivant de là-haut. « Rien ne s'arrête … »
Le ski de vitesse est un sport extrême de haute précision. Il y a de nombreux paramètres à appréhender et tu dois toujours être à 200 % physiquement et mentalement avant de te jeter dans ces pentes. Physiquement, on doit être hors normes, les jambes doivent servir d'amortisseurs à plus de 200 km/h et le haut du corps résister à ces vents et cette accélération : tu atteins les 200 km/h en moins de 6 secondes, plus rapidement qu'une formule 1. Ensuite, lors des tentatives de records, l'idée est de repousser les limites du corps et de l'esprit, personne ne sait ce qu'il se passe au-dessus d'une certaine vitesse, tu dois donc être prêt mentalement à tout, on a même tendance à dire que 80 % de la performance se fait dans la tête …
14. Vous souhaitez rajouter quelque chose ?
C'est par mon père et mon oncle que j'ai pu découvrir cette discipline extraordinaire, et en atteindre les sommets. Malheureusement, mon père est décédé il y a maintenant 3 ans et n'a pas pu assister à mes côtés à ma consécration, lui qui m'a vu y grandir, qui a toujours cru en mon potentiel, souvent même plus que moi. Cette saison 2017 lui était donc entièrement dédiée et j'espère qu'il a pu se régaler en me suivant de là-haut. « Rien ne s'arrête … »
Par Hugo Bâcle
Car votre avis est le plus important, nous vous invitons à répondre à ce questionnaire. Il dure 3 minutes et nous remercions toutes les personnes y prenant part.